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Cartographie d’un parcours dans une grande surface

Merci à Richard Peirano pour cette originale analyse.

La grande surface commerciale est un lieu rangé et parsemé d’informations dans laquelle nous savons nous retrouver. C’est un espace que nous avons appris et que nous pratiquons. A l’occasion d’une course dans ce lieu, une liste de course peut donner lieu à une réflexion sur le rapport entre le lieu, notre mémoire du lieu et comment nous l’appliquons pour aller au plus rapide.
L’usage des cartes mentales peut nous aider à voir comment nous fonctionnons et pourquoi pas nous aider à être plus efficace.

C’est un espace rangé

La Grande Surface où nous faisons les courses est un espace rangé. Ce rangement est le fruit d’une certaine tradition construite à la fois par les propriétaires mais aussi par nos comportements de clients.

Mais il ne s’agit pas seulement de cette grande surface mais de toutes les autres grandes surfaces de part le monde. bon en France seulement car d’une part ce n’est pas un modèle partagé sur la planète ; ensuite le rangement est sujet à des particularités locales. Mais, à priori, quand nous allons dans une grande surface, la même toutes les semaines ou ponctuellement à 1000 kilomètres, nous ne sommes jamais perdu. Nous avons le plan en tête.

Figure 1

Un chemin que nous produisons

D’ailleurs nous savons que les rayons sont nommés mais qui regarde les affiches, qui dans l’allée centrale, ouvrent chacun de ces espaces de rangement ? Nous suivons notre chemin. Nous sommes dans un grand livre dans lequel nous ne consultons que rarement le sommaire et dans lequel nous nous repérons en tournant rapidement les pages à la recherche du numéro de page que nous avons en tête pour cette information à lire une nouvelle fois.

Ce chemin, nous l’avons en tête, nous l’avons appris en faisant nos courses. Combien de fois a-t-on pu être dérouté – le terme est très commode, il signifie  « détourné de ma route » – dans un endroit inconnu, ou suite à un changement quelconque,  à la recherche d’un produit qui n’était plus « sur notre chemin ».

Suivons ce chemin comme s’il s’agissait d’une liste à la Perec :

Quand je pénètre dans le magasin proprement dit, les caisses sont toujours à gauche. A ma droite, il y a l’électro-ménager et l’électronique, je continue sur la grande allée qui va vers le fond du magasin et sur ma droite toujours, je passe le rayon jouet, puis camping / jardinerie, vaisselle, bricolage automobile avec en façade bien visible les rayonnages d’huile moteur, juste après les vélos ouvrent le rayon sport. Je suis enfin au fond du magasin. Sur ma gauche l’une des trois grandes allées qui charpentent le magasin dans sa longueur. Les deux autres : l’allée centrale et l’allée des caisses.

Et sur toute cette allée, je vais avoir la boulangerie, la charcuterie, la boucherie, le fromage et la poissonnier. Je suis maintenant à l’angle nord ouest du magasin, dans cette géographie qui voit le sud à l’entrée, toujours ! Je continue le périmètre, les eaux, les jus de fruits, les bières, le vin, les apéros. J’arrive aux caisses. J’ai fait le tour.

Reprenons de l’allée centrale, à partir du fond. à ma droite les alcools, les biscuits apéro, l’huile, les pâtes, les légumes secs, les conserves, le chocolat, le café et le petit déjeuner, le frais, les laitages, le surgelé, rayon enfant, soins du corps, hygiène et vêtements.

Si je fais demi-tour, j’ai désormais à ma droite la papeterie et la librairie, les chaussures, les fruits et légumes, qui sont toujours en face du surgelé et qui sont comme l’espace central, espace de vie et de respiration du magasin. On continue, charcuterie sous vide et pâtes fraiches, nourriture animale, droguerie…

Je vais payer et toujours aux caisses mon canard local et les chewing-gums qui font rêver les enfants.

Tout a été classé logiquement et le seul espace un peu chaotique, finalement, c’est le chewing-gum des caisses qui n’est là que pour faire penser aux enfants qu’ils pourraient bien essayer de tenter leur chance un peu quand même !

« Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté ».

Une mémoire et une carte
Ce chemin est une mémoire habitée du lieu. C’est un lieu que nous avons  investi et dans lequel cette mémoire construite agit comme un guide. C’est une carte que nous avons en tête. L’importance de cette carte est de pouvoir automatiser la recherche des produits sans y passer trop de temps et en allant au plus rapide.

Figure 2

 

Quand nous faisons les courses, nous mettons en correspondance la liste des achats à effectuer avec cette carte mentale (le mot est dit) de l’ensemble du magasin et le chemin que nous avons en tête. Nous empruntons alors au chemin modèle mental, que nous avons en tête les éléments nécessaires pour construire le chemin particulier, nécessaire pour transformer notre liste en achats. Si nous appliquons cette carte au plan du magasin que nous avons vu plus haut, nous obtenons le plan de la figure 2. qui représente le chemin que nous allons suivre pour faire nos courses.

Faire une carte mentale
Souvent la carte heuristique est utilisé pour faire une liste des courses. Nous pouvons donc représenter ce chemin sur le plan de la Grande Surface. Mais aussi, au moyen d’une carte heuristique  visualiser le processus et le chemin que nous allons suivre pour faire ces courses particulières afin bien sûr d’aller au plus rapide.

Pour moi, il y a deux possibilités :

Soit la carte mentale s’appuie sur le plan et permet alors de visualiser le chemin sur le plan. Il s’agit alors d’une carte topographique telle qu’on la voit grossièrement sur la figure 3. Nous avons là une carte qui s’apparente à un portulan ; ces anciennes cartes qui montraient les routes maritimes. Je pourrais faire abstraction de l’arrière plan pour ne plus avoir que la carte. Je pourrais aussi y rajouter des couleurs et une iconographie. A partir du moment où on a fait cette première carte, on peut alors faire sa carte des courses à l’identique, à la main, rapidement. La liste a intégré le chemin.

Figure 3

 

Soit la carte mentale devient la légende du chemin inscrit sur le plan. Il s’agit alors d’une approche fonctionnelle (workflow). On peut y rajouter comme dans la figure 4 des couleurs qui sont sensé symboliser les produits à acheter, renforcer par des icônes. Rien n’interdirait d’ailleurs de visualiser le plan en figure 1 par zone de couleur à reproduire sur les branches de la carte. Là aussi le plan peut disparaître pour ne conserver que la carte mentale. Au quotidien, on réfléchira autant à la liste qu’au chemin.

Figure 4

 

Pour conclure, une carte permet de mettre en forme graphique un parcours dans un lieu habité, au sens d’usage. Il y a renforcement entre la carte, le plan, les chemins possibles et notre représentation mentale. On peut donc proposer une carte pour tout lieu qui propose des usages quotidiens comme une bibliothèque, une entreprise, un club de sport…

Le lieu comme support de mémoire, cela renvoie bien sûr aux loci latin.

Merci à Richard Peirano pour cette originale analyse.

 

Fabienne

Fabienne

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